Digitalisation : estimer une gestion de projet réaliste et alignée sur les enjeux

La réussite d’un projet de digitalisation repose autant sur sa gestion que sur la technologie elle-même. Pourtant, de nombreuses entreprises sous-estiment la complexité du pilotage de ces projets, négligeant des éléments clés tels que la planification, la gestion des ressources ou l’accompagnement au changement. Ce manque de rigueur se traduit par des dépassements de budget, des retards significatifs et des résultats souvent décevants.

Un manque de gouvernance et de vision stratégique

L’une des erreurs les plus fréquentes est l’absence d’une gouvernance claire dès le lancement du projet. Les objectifs sont souvent flous ou mal définis, ce qui empêche de prioriser les efforts et de mesurer les progrès. Cette confusion est exacerbée lorsque les parties prenantes ne sont pas alignées ou lorsque les responsabilités ne sont pas bien réparties.

Exemple concret : Une PME décide de numériser ses processus RH sans plan stratégique clair. Après plusieurs mois de travail, elle se rend compte que certaines fonctionnalités essentielles, comme la gestion des congés, n’ont pas été prises en compte, forçant un coûteux ajustement après coup.

Chiffre clé : Selon une étude de PMI (Project Management Institute), 37 % des échecs de projets sont dus à un manque d’objectifs et de jalons clairs.

Une sous-estimation des ressources nécessaires

La digitalisation demande des ressources humaines, financières et matérielles importantes. Pourtant, les entreprises ont tendance à sous-estimer ces besoins, espérant faire plus avec moins. Ce biais conduit à une surcharge des équipes existantes et à un épuisement des budgets avant l’achèvement du projet.

Exemple concret : Une entreprise industrielle lance un projet de gestion de production numérique en pensant pouvoir s’appuyer uniquement sur ses équipes internes. Mais le manque de compétences techniques spécifiques provoque des retards et oblige à faire appel, dans l’urgence, à des prestataires externes plus coûteux.

Chiffre clé : une étude de McKinsey révèle que, en moyenne, les grands projets informatiques dépassent leur budget de 45 %, prennent 7 % de temps supplémentaire et livrent 56 % moins de valeur que prévu.

Des délais irréalistes et une mauvaise anticipation des risques

Les entreprises, sous pression pour montrer des résultats rapidement, fixent souvent des délais trop ambitieux. Cette précipitation laisse peu de place à la gestion des imprévus, comme les retards dus à des intégrations complexes ou à des erreurs de conception.

Exemple concret : Une chaîne hôtelière veut lancer un système de réservation en ligne avant une saison touristique clé. Mais les tests de sécurité sont écourtés pour respecter les délais, entraînant une cyberattaque dès la première semaine, avec des données clients compromises.

Chiffre clé : Selon plusieurs cabinets de conseil (McKinsey, BCG, KPMG et Bain & Company), le risque d’échec des projets de transformation digitale se situe entre 70% et 95%

Une négligence de l’accompagnement au changement

Le succès d’une digitalisation repose largement sur l’adhésion des collaborateurs. Pourtant, de nombreuses entreprises négligent l’accompagnement au changement, en pensant que les équipes adopteront spontanément les nouveaux outils. Résultat : des résistances internes, un faible taux d’adoption et une productivité en berne.

Exemple concret : Une entreprise déploie un logiciel de gestion des plannings sans consulter les responsables d’équipe ni former les utilisateurs finaux. Ces derniers continuent à utiliser leurs feuilles Excel personnelles, rendant l’outil inutilisable.

Chiffre clé : Selon une étude de Prosci, les organisations ayant mis en place une conduite du changement efficace ont 6 fois plus de chances d’atteindre leurs objectifs projet.